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Photo du rédacteurDomitille Barre

L'addiction au fémnin

Dernière mise à jour : 13 déc. 2024

Françoise Sagan, Whoopi Goldberg, Véronique Sanson, Amy Whinehouse, Rose, Whitney Houston, Marguerite Duras, Demi Lovato, Camille Lellouche, Kristin Davis, Claire Touzard, Drew Barrimore, Marie de Noailles, Angelina Jolie, Loana, Britney Spears, Doully, Colette Andris, Kate Moss, Elodie Frégé, Naomi Campbell...

La liste est longue de ces personnalités "addicts"!


Mais il ne s’agit pas seulement de femmes célèbres.


C’est aussi Valérie, votre collègue dépendante aux jeux d’argent,

Lou, la voisine bigorexique et addict au contrôle de son poids,

Sabrina, votre sœur dépendante aux jeux vidéos,

Jessie, votre nièce addict au sexe mais c’est aussi

Claire votre femme dépendante à l’alcool et encore

Rose votre cadette, addict à la cocaïne.


Impossible direz-vous, la femme « addict » n’a pas le visage de mes proches !

 

Pochtronne, ivrogne, toxico, dépravée, camée, soiffarde, soûlarde, défoncée, poivrote, délinquante, immorale, dévergondée, junkie, sdf, une honte en tout cas.


Les représentations, les préjugés ont la vie dure.


J’ai vécu avec Monique dépendante à l’alcool, Kim addict au hardporn et Sara au tramadol associé à un cocktail de substances en tout genre. J’en croise parfois, en collège/lycée, des jeunes filles dépendantes à la pornographie, aux réseaux sociaux ou encore aux jeux vidéos au détour de nos interventions scolaires. Tous les jours à l’école, sur mon vélo ou au supermarché, je croise des femmes de mon âge, des quadras addicts à l’alcool, elles sillonnent les magasins du quartier quotidiennement pour acheter leur dose...quitte à la planquer dans le landau du petit dernier.


Personne de les voit.


Parce qu’elles ont appris l’art de planquer ou parce que nous ne voulons pas voir.


Souvent je les vois mais je ne dis rien.


Certaines jeunes filles ou femmes, fument, boivent, mangent, jouent, masturbent, vomissent, sniffent, achètent, manipulent de manière excessive et addictive, en mélangeant parfois un peu tout ça et certaines n’arrivent plus à s’en passer, malgré la conscience des conséquences néfastes sur leur santé, physique, mentale, intellectuelle, sexuelle, émotionnelle, relationnelle et sur leur entourage.


C’est en rédigeant mon mémoire « Boire et Voir Boire » sur le thème de l’alcoolodépendance dans le système du couple que j’ai découvert les témoignages de nombreuses femmes comme, Claire Touzard*, journaliste et Marie de Noailles** thérapeute, qui racontent leur histoire et partagent leur vécu de femme « addict ».


Je me suis mise à cogiter sur la dépendance au féminin, ses formes, ses raisons, ses conséquences, ses représentations, je me suis demandée s’il y avait des spécificités au cœur de cette dépendance féminine et si le regard que l’on porte était différent sur l’homme et la femme « addict ».


Je me suis questionnée sur les risques augmentés pour les femmes ayant consommé des substances, d’être impliquée et/ou confrontées à des situations à risque de violence, d’agression, crime, sur les risques liés à la parentalité, la sexualité, sur leur carrière, les risques d’aggravation de l’anxiété, de dépression et des pathologies en tout genre.


J’ai repensé alors à la grossesse de Mollie, en séjour de périnat’ qui buvait tellement que son fils ne pouvait échapper au SAF (Syndrome d’Alcoolisation Fœtale). Dès la naissance, il en avait déjà tous les signes. Et Mollie n’était pas une femme en situation de précarité sociale et psychiatrique, elle était l’une de ces femmes auxquelles on ne pense pas.


J’ai aussi pris conscience que mon amie d’enfance de l’époque, Alicia, était aussi l’une d’entre elles, l’une de celles qui vendent leurs services sexuels, en associant drogue et violence. Qu’est-elle devenue ?


Aujourd’hui, j’accompagne des femmes qui révèlent parfois leur dépendance au détour d’une consultation conjugale, familiale ou en solo. Il m’arrive de la déceler aussi et progressivement elles se dévoilent et se désencombrent d’un poids porté souvent seule.


Je ne porte aucun jugement de valeur sur ces situations, je n’ai pas d’idée préconçue car je sais que l’addiction n’a pas d’âge, de sexe, ni de milieu social. Je leur souhaite tout simplement d’identifier les racines de ce comportement excessif qui mène à la dépendance. Je leur offre, quand c’est le cas, un espace d’écoute, un regard compatissant, une épaule pour pleurer. Je ne les juge pas, je les respecte infiniment. J’essaie de les valoriser, les encourager, je les informe et les oriente. Je leur dis que cela ne change rien à leur valeur, à ce qu’elles sont, des femmes dignes d’intérêt, digne d’exister et qu’elles ont tant à dire et à faire en ce monde !


Je me suis renseignée sur les lieux qui permettent d’accompagner les addictions à Nantes, j’ai passé quelques jours au sein de certains services il y a quelques années et participé à des groupes de parole pour l’entourage au CHU mais la question des femmes en particulier n’apparaissait pas comme une prise en charge spécifique à ce moment-là.


Des spécialistes en parlent pourtant, des voix s’élèvent çà et là, des langues se délient…


Laurent Karila, psychiatre addictologue, donne la parole à des hommes et des femmes dans son podcast Addiktion que je recommande. Il questionne en toute simplicité leur parcours, en interrogeant les racines pour mieux comprendre, à travers ces histoires de vie singulières, comment l’on peut être amené à devenir "addict", il transmet des messages informatifs, préventifs, il recommande très souvent le suivi par un addicto' et la psychothérapie face à des patients (nombreux) qui n’ont pas de suivi au long cours.


Dr Fatma de Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre et autrice a permis l'ouverture d'une consultation pour les femmes à l’hôpital Ste Anne en 2008, elle a fondé une association pour les femmes, Addict’elles, mais qui semble fermée à ce jour...dommage, je me demande bien pourquoi?

 

Il existe des donnés scientifiques, des chiffres sur le sujet de l’addiction au féminin accessible sur le net. Ma démarche est simplement d’écrire sur ce thème qui me tient à cœur en espérant qu’il touchera, qu’il éveillera des consciences et qui sait un jour, nous ouvrirons les protes d’une maison pour les femmes addicts à Nantes ! (pourquoi pour les femmes uniquement, parce qu'elles le valent bien, autant que les hommes bien entendu;) parce que je crois qu’un lieu mixte empêcherait certaines de passer la porte, parce que les groupes de pairs ont fait leurs preuves et continuent de le faire, parce que d’autres lieux permettent la mixité comme les services publics, les associations qui font un travail formidable et accompagnent en majorité des hommes (sauf en TCA).


Je rêve d’un monde où ces filles et ces femmes sortiront tête haute de chez elle, de la honte, la culpabilité et du désespoir pour déposer leur vécu, leurs doutes, leurs certitudes, leurs désirs, pour prendre soin d’elle, être écoutée, prise en compte, respectée, accompagnée, soignée dans leur estime, dans leur dignité, faire des projets, pas à pas, devenir aidante à leur tour, pourquoi pas même experte en la matière pour accompagner les soignants dans les lieux où les patientes consultent et les encourager à accéder à un parcours de soin essentiel.


Pour continuer la réflexion, nous pouvons questionner nos propres dépendances et si elles sont problématiques s'en référer au test des 5 C (compulsivité, chronicité, contrôle, craving et conséquences à observer sur une période d’1 an)

 

En cette période de fêtes, soyons vigilants à nos comportements, nos paroles, n'insistons pas si Claire et Jessie refusent le verre d'alcool que nous leur tendons.

Ne jugeons pas, entamons le dialogue si nous en avons l'opportunité.

Et pourquoi pas nous lancer dans Janvier sobre (à chacun sa substance, son comportement) pour expérimenter une période, même courte d'abstinence ou de modération. Chiche ?!


*Claire Touzard, Sans Alcool

**Marie de Noailles, Addict


Podcast Addiktion de Laurent Karila https://deezer.page.link/qucPk4pwWAY5sc3f7




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